Un Mélenchon brésilien


Assemblée Législative de Rio de Janeiro. Dès l’entrée, le protocole de sécurité est suivi à la lettre. Des gardes sont postés à  chaque coin de la pièce. Une salle de conférence ouvre ses portes, différents visages y sont présents. Habitants de Rio, résidents des favélas et personnalités célèbres venant des quartiers les plus défavorisés sont là. Au fond, se tient une équipe de télévision pour la chaine parlementaire. Marcelo Freixo prend place dans une atmosphère solennelle.

Ancien professeur d’Histoire et député  du PSOL (parti socialiste et liberté d’extrême gauche), c’est un homme politique engagé, très médiatisé et très populaire. Il a des convictions très tranchées  sur l’origine de la violence au Brésil,  les causes de la pauvreté et les discriminations. Ses positions très tranchées lui ont valu de nombreuses menaces. Il lutte ainsi pour les droits de l’Homme et contre tous ceux qui les entravent. Parmi ceux-là, il y a la BOPE, une unité spéciale de la police militaire. Elle serait très violente et corrompue. Cette corruption n’est pas un danger directement pour les favelas, mais les habitants n’en sont pas moins vulnérables. Trois personnes par jour seraient tuées par cette unité. Certes le nombre de morts a diminué ces dernières années, mais le nombre de disparus a augmenté.  Depuis l’élection de Lula ce serait même pire.
 
Mariana, jeune journaliste, vit dans la favela Vidigal. Elle témoigne de la violence qui y est faite par la police. Elle raconte que celle-ci a voulu y implanter une caserne en démolissant un lieu public consacré aux jeunes. La population se serait révoltée, dont Mariana qui était en plein reportage. Une altercation aurait alors eu lieu entre la journaliste et un policier. Il lui aurait asséné quelques coups. Elle aurait par la suite découvert au commissariat qu’elle n’avait aucune autorisation de démolir.

Parmi les autres problèmes soulevés par Marcelo Freixo, il y a aussi l’UPP. Cette unité de la police a pour rôle de « pacifier » les favelas. Mais selon lui ces UPP ne sont pas là que pour protéger les individus mais pour favoriser aussi la spéculation immobilière. Elles ne sont présentes que dans 10 % des favelas, et effectivement, si l’on regarde où elles sont placées, elles se situent toujours dans des lieux d’intérêt pour le gouvernement, par exemple la favela proche de Copacabana qui une fois pacifiée servira les intérêts touristiques, ou celle proche du stade du Maracana qui servira pour les Jeux Olympiques.

Un jeune homme vient aussi témoigner. Il habite la favela Santa Marta. Cette favela a été la première à accueillir l’UPP. Mais selon ce jeune guide touristique, ceci n’est que le discours de personnes qui ne se préoccupent en aucun cas du bien être de la population. Un sentiment de mépris, voilà leur ressenti. Il rajoute même, de manière crue, qu’on expose sa communauté telle des « singes en cage dans un zoo ».

Marcelo Freixo ne fait pas que lutter. Il encourage aussi un mouvement musical très répandu et propre au Brésil : le funk, dont MC Leonardo est l’un des chanteurs célèbres. Il est très populaire auprès des jeunes : « Le funk est au jeune brésilien des favelas ce que le rap est au jeune français des banlieues ». C’est une musique très rythmée dans laquelle les chanteurs retranscrivent leurs expériences et les aspects tabous de leur vie (sexe, drogue, argent...) Ils chantent ce qu’ils vivent. Le mouvement funk fait partie de la culture brésilienne des favelas de Rio. Le funk est chanté par des personnes de couleur noire, pauvres et habitant les favelas. MC Leonardo a composé la musique du film Troupe d’Elite qui raconte la vie des favelas, la corruption de la police et dont Marcelo Freixo est l’un des personnages principaux. 

Ce personnage important mais simple a pu consacrer son temps à nos questions.
Fin de la visite, Marcelo Freixo prend place au sein de l’Assemblée de Rio afin de prononcer un discours au milieu de tous les députés.
 
 
 
 
Ecrit par Inès, Karina, Cassandra et Camelia
Photos : Mariana
 
 
 

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