Le soleil éclatant sur Guararema (Etat de Sao
Paulo), perdu dans la campagne brésilienne. Un grand portail donne accès à ce
terrain, des
grands arbres luxuriants et tropicaux entourent un chemin de roches et de terre.
Nous voilà dans “l'Escola Nacional Florestan
Fernandes”, une école reservée au Mouvement des Sans Terres.

Egalement un énorme terrain de “futebol”,
entouré d'herbes hautes. Dans les espaces verts, un jardin separé en deux
parties, une partie réservée pour les plantations médicinales et l'autre, pour
les fruits et légumes qui serviront pour les repas au refectoire, dont la plupart des aliments frais est cultivée par
eux-mêmes.
Ecrit par Grazziani et Nassim
Photos : Melis
Portrait de Djacira Maria De Oliveira Araujo

Avant de devenir
directrice de cette école, Djacira a réalisé différents projets pour le MST
dans d’autres états du pays. Elle énumère les principales actions du mouvement. Tout
d’abord, le MST lutte pour l’occupation des terres, puis pour la réforme
agraire, enfin pour la transformation sociale.
La directrice met au
clair certains termes très importants à la bonne compréhension de l’association.
En effet, un acampamento est le fait
d’occuper des terres. Lorsque l’enquête de l’état aboutit « acampamento devient assentamento
». La régularisation est officialisée par l’INCRA (Institut National de la
Colonisation de la Réforme Agraire).
Le conflit de la
répartition inégale des terres remonte au temps de la colonisation, raconte-t-elle.
En effet, dès l’arrivée des Portugais, les terres des natifs du Brésil leur ont
été soustraites par les colons. De ce fait, le Brésil en subit encore
maintenant les séquelles. Même si l’on suppose que la situation s’est
améliorée, l’abolition tardive de l’esclavage ralentit ce processus de
recherche d’égalité.
Après cette longue
réflexion sur l’objectif de l’association, Djacira explique les fondements de
l’organisation de l’école. Celle-ci est structurée en quatre secteurs : la
production (plantes, poules..), les services qui concernent le nettoyage et la
cuisine notamment, la pédagogie (enfants, culture, cours, communication,
secrétariat de l’école) et l’administration.
Chaque unité de travail a un responsable.

D’un point de vue
financier, l’école a été construite grâce aux donations et aux bénéfices tirés
des œuvres que de très grands artistes ont faites spécialement pour cette
cause : le chanteur brésilien Chico Buarque, le photographe Sebastião
Salgado avec son livre Terra, le Prix
Nobel portugais de littérature José Saramago.
Cependant, les organismes internationaux donnent dorénavant beaucoup
moins, notamment en Europe, à cause de la crise.
Comme ils cultivent un
potager et un verger, ils produisent une partie de leur propre nourriture mais ne peuvent pas vivre en autosuffisance
(tout ce qui est périssable est acheté). Ils sont aidés par le mouvement
lui-même, qui produit des aliments biologiques dans d’autres assentamentos, par
exemple le riz ou le sucre.
Enfin, le MST est
considéré comme la référence sur tout le territoire latino-américain. D’autant
plus que l’école, qui est l’unique école au Brésil du Movimento dos Sem Terras,
se situe près de São Paulo, la plus grande ville d’Amérique latine.
Ecrit par Sitara et Sonia
Photos : Melis
Portrait de Diego Ferrari

Il est l’un
des coordinateurs de l’école, concernant les cours de formation politique
d’Amérique latine. Ce qui lui plait le plus dans le MST, c’est de rendre les
gens heureux, égaux et éviter les injustices .Pour lui, le changement a été radical, il quitte un espace urbain
afin de se retirer en autarcie a la campagne.
Il rajoute d’un air nostalgique « en effet, ça été un sacrifice de
vouloir vivre mes rêves ». Diego est un homme ambitieux et rempli de sagesse,
il vit pour le bien être des personnes et de la nature. Auparavant, il était enfermé
dans une fausse réalité, nous dit-il. Le vrai sens de la vie, il l’a appris
ici. Pour lui, l’homme doit aimer la nature et la protéger. Il compte mener sa
vie selon ces principes. Malgré le fait qu’il se sente bien au Brésil, il
compte retourner prochainement en Argentine car il y a laissé tous ses proches.
Il appréhende son retour au pays puisque beaucoup de ses amis sont de droite.
De plus, son père n’a jamais adhéré à ses idées et ne cautionne donc pas ce
mode de vie. Pour lui, la jeunesse est synonyme de révolution. En clin d’œil à
notre ville, il conclue en ajoutant qu’il aime la culture urbaine des
périphéries de Paris et la liberté d’expression des jeunes.
Ecrit par Camelia, Inès, Karina et Cassandra
Photos : Melis
Portrait de Claudio
La fumée du barbecue embaume l’air de
la forêt. Quelques habitants, après avoir durement travaillé dans la rénovation
d’une maison, commencent leur pause déjeuner. La chaleur est étouffante.
Claudio, 37 ans, est un habitant de cette école depuis un an. Enseignant en
sciences et propriétaire d’une terre, il a voulu être solidaire en contribuant
au Mouvement des Sans Terres (MST) : « c’est un processus de
rotation ». En effet, les gens viennent y vivre pendant deux ou trois ans,
puis d’autres viennent à leur place.
Claudio, s’occupe de la
production : « j’aide dans la production des salades, des
fruits… ». Selon lui, la vie à « l’intérieur » de l’école n’est
pas plus difficile. En effet, ceux qui viennent habiter ici « ont déjà
l’habitude de vivre en communauté ». Leur vie est organisée par un emploi
du temps. La discipline est très rigide, mais Claudio s’y est habitué. Pour
lui, le MST contribue à la population discriminée et défavorisée. Le MST existe
depuis 30 ans. « Avant, le mouvement était incompris. Mais maintenant, j’y
crois », affirme Claudio. Le MST a réussi à convaincre plus de population.
De son point de vue: « en étant riche, c’est dur, on n’a pas conscience de
devoir partager ou pas ». Mais si l’individu est extrêmement riche :
« quand t’as conscience que t’as énormément d’argent, tu peux te permettre
de partager, car tu sais que cela ne va pas t’appauvrir ». Il n’y a qu’une
condition pour appartenir au MST : « Juste contribuer ».
Ecrit par Adèle, Bintou, Elizabeth et Lucille
Photos : Dania
Portrait de Marquinho
Un petit air de samba et ça y est, il est lancé. Á vingt ans à peine, Marquinho a quitté sa famille pour rejoindre l'ecole du MST. Cela n'entame pas pour autant sa bonne humeur. Ses parents étant eux-mêmes travailleurs agricoles, il fut dès son plus jeune âge confronté au problème du partage inégal des terres. C'est à 12 ans qu'il s'engage personnellement dans l'organisation. Lorsque ses parents lui parlent de cette école, il prend donc la décision d'y vivre afin de participer au combat mené pour la justice. Cela lui permet de poursuivre ses études tout en agissant pour la cause qu'il défend. Ce combat est en effet une affaire familiale car ses parents sont eux-mêmes engagés dans une assentamento, la “Nova Conquista”. Malgré une prise de contact régulière, ses proches lui manquent. Mais il sait que ce sacrifice n'est pas vain. Un an déjà qu'il a integré l'organisation, et il s'y sent comme chez lui. A sa maniere, il veille au bon déroulement des taches, en s'occupant volontairement tantôt du jardin, de tout ce qui touche à la production agricole, tantôt de la cuisine, via l'éxécution de taches diverses (vaisselle, nettoyage du refectoire...). Ici pas de salaire, ni de chef, chacun contribue à sa maniere au bien-être de la communauté, chacun régit soi-même son propre travail. La vie en communauté ne semble pas être un frein pour lui. Il s'est assez bien adapté à la vie en communauté ce qui est de bon augure pour l'année qui lui reste à passer ici.
Ecrit par Camelia, Inès, Karina et Cassandra
Photos : Melis
Portrait de Claudio


Pour Claudio, le MST a subi des
améliorations : « nous avons des terres raisonnables pour
survivre ». « Dans les années 80, quand les paysans n’avaient pas de
terres, ils partaient à la ville. Maintenant, ils viennent ici ». Claudio
ne dément pas : le grand problème est judiciaire. « Quand le MST fait
un pas en avant, d’autres le font reculer ».
Quant à la question « Etes-vous
heureux ici ? », il hésite : « oui mais cela aurait pu être
mieux ». Ce qui lui manque, c’est le choix des matières enseignées :
« par exemple, pour étudier les sciences, il faut aller ailleurs ».
Et ce n’est pas tout. Ceux qui choisissent d’appartenir au MST ne peuvent plus
être eux-mêmes. Chacun est obligé de se soumettre aux autres, afin d’être sur
un pied d’égalité. Claudio, auparavant autoritaire, ne peut pas l’être ici.
Chaque personne doit remplir une fiche d’auto-évaluation sur ses vices. Dès son
arrivée, puis régulièrement jusqu’à la fin, afin de suivre l’évolution de son
comportement : « on ne peut pas être soi-même ici ».
Ecrit par Adèle, Bintou, Elizabeth et Lucille
Photos : Dania
Portrait de Marquinho

Le jeune du Maranhão dit être heureux ici, considérant avoir trouver “une famille” à Guararema, au sein de ses semblables, les insoumis anti fazendeiros.
Ecrit par Djeneba, Grace, Anthony et Clara
Photos : Charity
Ecrit par Djeneba, Grace, Anthony et Clara
Photos : Charity
Très intéressante entrée dans le coeur des sans-terre.
RépondreSupprimerBravo aux journalistes pour la qualité de leurs articles et aux photographes pour leur point de vue et encore chapeau à la dream team des profs! Du grand boulot guys! Enjoy your last days!
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