Une montée
"essoufflante". La vue que nous offre la favela de Babilônia mérite cet effort.
Copacabana au loin. Des enfants souriants jouent sous l’œil vigilant des
policiers, installés à chaque coin de rue.
Irène Seigle, nutritionniste et
bénévole, nous conduit devant l’école de soutien qu’elle a créée il y a 23 ans
avec les habitants de la communauté de Babilônia. L’école de soutien « Tia
Percilia » a pour but d’éloigner les enfants du monde de la drogue. Au
Brésil, comme en France, l’école est obligatoire. Pour bénéficier de ce
soutien, une condition s’impose. Etre assidu. Une tache qui paraît simple, mais
qui ne l’est pas pour tout le monde. Il a en effet fallu ajouter les
repas gratuits pour convaincre les quelques parents réticents de laisser leurs
enfants s’instruire. Les enfants, au nombre de 200, au contraire, sont
enthousiastes. Ce soutien a de nombreux avantages, des colonies
sont organisées et les enfants ont accès à l’informatique. Des cours du soir
sont également à la disposition des adultes voulant reprendre leurs études.
Tout cela a
pu être mis en place grâce à la participation de la directrice Vera Rufino et
des professeurs volontaires habitant ce quartier. « Ce n’est pas la
volonté qui manque, mais la politique ! ». En effet, ce sont
uniquement les relations de Mme Seigle qui ont permis le financement de l’école
de soutien. Depuis, « la mairie a enfin décidé d’aider ». Mais cette
aide est purement logistique !

L’association
a donc permis une évolution, « les gens ont changé, leur vocabulaire
aussi ; ils comprennent leurs droits et leurs devoirs et deviennent
citoyens» ajoute Irène, ce qui a instauré une certaine paix, cette même paix qui a brisé
tous les clichés. Les rires d’enfants conjugués aux sourires amicaux et
accueillants des plus âgés contrastent avec l’image négative et violente
véhiculée par de nombreux films tournés à Babilônia. Les habitants n’ont pas
envie d’aller vivre ailleurs, ils y sont malgré tout heureux. Air pur, amis
d’enfance, belle vue et loyer moins cher qu’ « en bas ». Pour
rester dans leur quartier, ils ajoutent eux-mêmes des étages à leurs
habitations par manque d’aide : « Jamais, jamais, on a réussi à avoir
un ingénieur. Jamais !», se désole Mme Seigle. Des habitations spontanées
qui menacent de s’effondrer en raison d’importants glissements de terrain.
Mais avant
cette pacification, la situation était bien différente. Les 750 familles de la
favela vivaient dans une certaine crainte : couvre-feu, trafic de drogue
et violence. Depuis, de nombreux programmes de sensibilisation aux
méfaits de la drogue sont mis en place auprès des enfants.
Un policier,
appartenant à l’UPP (Unidade de Policia Pacificadora), arrivé à Babilônia en
2009, affirme que la situation a commencé à s’améliorer dès 2010 :
« la police domine ». Il affirme que la nouvelle formation prodiguée
aux policiers a été bénéfique dans leur relation avec les habitants. Il
insiste : « dans cette communauté, il n’y a plus aucun trafic ». Néanmoins, leur
présence reste nécessaire pour maintenir la paix. Il reste 50 policiers - pour
3000 habitants -qui participent grandement à la paix revenue dans cette favela.
Il ne faut
néanmoins pas oublier que toutes les favelas ne sont pas dans ce cas. De nombreux autres
quartiers sont toujours sous l’influence des trafiquants de drogue. L’expansion
de la cocaïne dans les pays étrangers, comme à Paris où sa consommation a
augmenté de 22% en 2012, a commis bien des ravages. Le bilan est glacial :
« 1 ligne = 1 mort ». Malgré le nouveau gouvernement, il n’y a pas
de volonté politique pour faire reculer le problème de la drogue.
La Coupe de
Monde et les Jeux Olympiques ne font que reculer le problème pour un moment car
l’Etat achète la paix sociale : « les JO seront clean », dit
Irène Seigle. Pas de trouble durant les Jeux, en contrepartie d’une énorme
somme d’argent. Malgré tout, elle insiste fortement sur la pacification de
Babilônia : « les gens ne montent pas. Ils ont peur. Mais de
quoi ? ».
Plus de photos:
Ecrit par Adèle, Elizabeth, Bintou et Lucille
Photos : Dania
les gens rencontrent pas mal de problèmes dans un cadre fabuleux, avec les photos vous nous faites voyager, on se sent presque dans les rues avec vous à profiter de la vue! J'aime bien les deux photos à la fin avec les trois hommes armés dehors et les trois habitants dans le magasin.
RépondreSupprimerElle a du courage Irène Seigle à mener son combat pour protéger ce qui lui parait juste. Impressionnant de vie.
Les gens qui ne sont pas allés où vous êtes n'ont que les histoires qu'on leur raconte pour avoir une idée de la situation... en général ça fait peur comme vous dites, mais là vous captez une réalité vécue essentielle pour les habitants, merci de ces portraits de gens et de quartiers que vous avez la chance de croiser.
Super, les photos et les textes ! Chaque jour, c'est plus intéressants et on a hâte de découvrir ce que vous allez nous raconter le jour suivant.
RépondreSupprimerConcernant la journée à la Favela de la Babilonia, il est étonnant de voir combien paraît importante la présence policière.
Cette Irène Seigle est vraiment une femme incroyable !
Bonne continuation !
Bel article, bien informé et bien écrit, c'est passionnant! Bravo, et merci.
RépondreSupprimerC'est scotchant, Bravo les élèves,
RépondreSupprimerBravo les profs.
Bravo Joëlle !
C'est super bien fait! Les photos sont incroyables. Un bon voyage encore!
RépondreSupprimerBravo! on attend la suite. Cathy
RépondreSupprimer